Budget de la Sécurité sociale : en quoi consiste la suspension de la réforme des retraites ?

10/12/2025

Les députés ont validé mardi soir la suspension de la réforme des retraites en adoptant le budget de la Sécurité sociale. Âge de départ, nombre de trimestres à cotiser, coût : voici ce que va changer cette suspension.

C'est un symbole du second quinquennat d'Emmanuel Macron qui prend l'eau. Deux ans et demi après l'adoption sans vote de l'impopulaire réforme des retraites, qui prévoit de reporter l'âge légal de départ de 62 ans à 64 ans d'ici à 2030, les députés ont acté mardi soir la suspension de la réforme des retraites en adoptant le budget de la Sécu 2026.

Cette suspension, qui concerne uniquement l'âge de départ à la retraite et la durée de cotisation, était demandée par le Parti socialiste, comme une condition pour ne pas censurer le nouveau gouvernement et pour apporter son soutien au projet de loi de finances de la Sécurité sociale. ICI vous explique qui sont les Français concernés et ce que va changer cette suspension, entérinée par l'Assemblée nationale.

L'âge de départ gelé à 62 ans et 9 mois

La réforme des retraites, promulguée et entrée en vigueur en 2023, vise à reporter l'âge légal de départ de 62 ans à 64 ans d'ici à 2030. Elle prévoit de reculer, à raison d'un trimestre par année de naissance à partir de la génération née en 1961, l'âge de départ à la retraite jusqu'à atteindre 64 ans pour les personnes nées en 1968. Depuis le 1er septembre 2025, l'âge de départ est de 62 ans et 9 mois, pour les personnes nées après 1963. Il devait passer à 63 ans en 2026, puis 63 ans et 3 mois en 2027. La réforme fait aussi passer la durée de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein de 168 trimestres (42 années) à 172 trimestres (43 années) d'ici à 2027.

Une suspension implique que les compteurs sont bloqués sur les mesures actuelles. Il n'y a pas d'abrogation, mais le processus est en pause. "Aucun relèvement de l'âge n'interviendra à partir de maintenant jusqu'à janvier 2028, comme l'avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d'assurance sera, elle aussi, suspendue et restera à 170 trimestres jusqu'à janvier 2028", a détaillé le Premier ministre lors de son allocution.

L'âge légal de départ à la retraite est donc figé à 62 ans et 9 mois et le nombre de trimestres nécessaire pour partir à taux plein est arrêté à 170. Au total, selon le gouvernement, trois millions et demi de Français seront concernés par cette suspension.

Les personnes nées à partir de 1964 en profiteront

Les premiers gagnants de cette suspension sont ceux nés en 1964, qui ne bénéficient pas déjà du dispositif de carrière longue, soit environ 600.000 personnes, selon les syndicats. Avec la réforme, ils devaient partir à la retraite à 63 ans, en janvier 2027. Mais si la suspension est votée, ils gagneront trois mois et pourront donc être retraités à partir d'octobre 2026. Les carrières longues, certaines catégories de la fonction publique et "les régimes spécifiques de Mayotte et St Pierre et Miquelon" pourront aussi bénéficier de la suspension de la réforme des retraites, a précisé mardi le ministère du Travail. Le gouvernement veut par ailleurs étendre le principe de la suspension aux personnes nées au cours du premier trimestre 1965. Celles-ci pourraient ainsi partir à la retraite à 62 ans et 9 mois plutôt que 63 ans dans la lettre rectificative.

Pour les personnes nées à partir d'avril 1965, en 1966 et les années suivantes, le recul de l'âge se poursuivra, avec un décalage d'un trimestre. Les 64 ans seront toutefois atteints pour les générations 1969, et non plus 1968. Cependant, d'ici là, l'élection présidentielle peut encore changer la donne. À noter que la lettre rectificative prévoit, pour celles et ceux nés en 1964 et 1965, de reporter d'un trimestre le nombre de trimestres exigés pour pouvoir partir à taux plein.

Combien coûte une suspension ?

Sébastien Lecornu a toutefois prévenu que la suspension de la réforme des retraites aura un coût pour les finances publiques, "400 millions d'euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027" selon lui. Elle devra être "compensée par des économies", a mis en garde le Premier ministre. "Elle ne pourra pas se faire au prix d'un déficit accru".

Les partenaires sociaux seront donc chargés de trouver comment redresser la barre, à travers une conférence sur les retraites et le travail, avec des premières conclusions attendues au printemps prochain. Les syndicats espèrent aborder des thèmes plus larges, comme la pénibilité et les carrières longues.

Source : francebleu.fr