"Un drame pour tous les salariés." L'usine Arlanxeo va fermer ses portes d'ici à 2027 : 168 emplois menacés à Lillebonne

03/10/2025

La nouvelle a été officialisée ce jeudi 2 octobre par le groupe industriel qui emploie 168 personnes sur son site normand. La direction invoque les difficultés structurelles du secteur de la chimie européenne et une concurrence étrangère accrue.

L'annonce a été faite aux salariés ce jeudi 2 octobre lors d'un comité social extraordinaire. L'usine Arlanxeo de Lillebonnne fermera ses portes d'ici à 2027.

L'entreprise est spécialisée dans la fabrication de caoutchouc synthétique à destination notamment du secteur automobile.

168 emplois menacés

Une décision que la direction a confirmé dans un communiqué de presse.

Dans ce document, le PDG, Stephan van Santbrink invoque la situation actuelle de l'industrie chimique européenne pour justifier sa décision. "L'industrie chimique européenne continue de faire face à une demande faible persistante et à une compétitivité en baisse, sous l'effet de la hausse des coûts, du déséquilibre des marchés mondiaux et de la pression réglementaire accrue", indique le communiqué.

"Arlanxeo n'est pas le seul à faire face à ces défis. Le site de Port-Jérôme-sur-Seine est dans une situation déficitaire structurelle. Malgré les nombreux efforts d'améliorations, nous ne n'envisageons aucune piste permettant d'améliorer de manière structurelle la situation." Arlanxeo - Communiquéde presse du 2 octobre 2025

Dans ce texte, le PDG souligne l'impact social de cette fermeture. La direction assure qu'elle continuera de traiter avec respect tous ses salariés et qu'elle fera tout pour trouver des solutions pour eux. Elle affirme qu'elle mettra en place un plan social qui sera à l'image de ce que ces collaborateurs ont apporté à l'entreprise.

"Un drame humain"

Devants les grilles de l'usine, Emmanuel Fontaine, secrétaire du CSE et délégué syndical CFE-CGC fait état de sa surprise. "C'est un site qui existe depuis plus de 60 ans, qui était bénéficiaire sur de nombreuses années et là, on se rend compte que les décisions qui ont été prises soit par l'ancienne direction ou par d'autres ont amené à cette situation."

L'élu syndical parle d'un "choc, d'un drame humain pour tous les salariés. Sans compter les emplois induits."

Une première réunion de négociation avec les organisations professionnelles aura lieu le 16 octobre 2025.

Les élus sidérés

Depuis ce vendredi 3 octobre, les réactions politiques se multiplient. Le maire de Lillebonne, la présidente de la communauté d'agglomération et l'ensemble des conseillers communautaires ainsi que les députés et les conseillers départementaux de la circonscription ont signé un communiqué de presse commun.

Les élus assurent les salariés de leur solidarité :

"Face à ce choc humain et social, nous faisons de l’accompagnement immédiat des salariés et du personnel sous-traitant notre priorité, en mobilisant rapidement pouvoirs publics, partenaires sociaux et acteurs économiques pour leur garantir des perspectives professionnelles solides sur notre territoire"
Communiqué de presse des élus locaux de la pointe de Caux

Dans ce communiqué, les signataires soulignent : "Il appartiendra à Arlanxeo d’assumer l’ensemble de ses responsabilités liées à la fermeture du site, notamment en matière de démantèlement et de dépollution, afin de se conformer pleinement aux réglementations environnementales."

Enfin, ils rappellent que cette fermeture confirme l'intérêt d'avoir choisi d'"investir dans les industries décarbonées, la bioéconomie et l’économie circulaire."

Une lettre à Sébastien Lecornu
De leurs côtés, Céline Brulin, sénatrice PCF de Seine-Maritime et Jean-Paul Lecoq, député PCF de Seine-Maritime ont adressé un courrier au Premier ministre. Dans une longue lettre, les élus rappellent les nombreuses difficultés rencontrées par le tissu industriel local et notamment l'arrêt des activités chimie d'ExxonMobil. "Nous sommes bien face à un effet domino et cette dynamique tend à se confirmer" craignent-ils.

Les parlementaires décrivent leur "stupeur" et leur "colère" face à la décision d'Arlanxeo. Et ils soulignent les "graves conséquences pour les salariés concernés et leur famille" engendrées par "des délocalisations camouflées opérées par des groupes loin d'être en péril."

 Céline Brulin et Jean-Paul Lecoq interrogent Sébastien Lecornu

"Quelles mesures concrètes votre futur gouvernement compte mettre en place pour garantir la préservation des secteurs industriels stratégiques et soutenir les collectivités locales dans ce contexte ?"
Céline Brulin, sénatrice PCF de Seine-Maritime et Jean-Paul Lecoq, député PCF de Seine-Maritime

Les élus souhaitent donc "qu'en raison de l'intérêt national, soient organisées localement une ou des initiatives de rencontres, d'échanges et de dialogue autour des réalités concrètes actuelles et de l'avenir de nos zones industrielles."

Et les deux parlementaires rappellent que le pays ne peut pas laisser disparaître des secteurs qu'ils considèrent comme vitaux pour l'avenir.

Source : france3-regions.franceinfo.fr