Reconversions professionnelles : après l’échec sur les retraites, syndicats et patronat trouvent un accord

26/06/2025

L’accord, voulu par le gouvernement, encadre notamment la reconversion externe pour éviter les licenciements déguisés.

C'est une victoire aux moyens limités, mais qui fait suite à l’échec du conclave sur les retraites, et ses six mois houleux de négociations. Ce mercredi 25 juin, le patronat et plusieurs syndicats sont parvenus à un accord sur les reconversions professionnelles, alors que le gouvernement avait demandé en avril aux partenaires sociaux de négocier sur le sujet.

Le texte prévoit notamment que "le salarié donne son accord pour une reconversion externe" afin que la reconversion ne puisse pas servir de licenciement déguisé, a précisé la CFTC, par la voix de sa négociatrice, Aline Mougenot. Les salariés devront également donner leur accord pour que leur employeur utilise leur Compte personnel de formation (CPF) pour répondre aux besoins de l’entreprise, dans la limite de 50 % des heures disponibles.

Un accord limité

Pour autant, les syndicats ont tout de suite relativisé la portée de l’accord. "On est sur un texte qui a du sens dans la façon dont il réorganise de façon un peu plus moderne les dispositifs de reconversion, mais avec une ambition qui est tout à fait mesurée parce qu’on est dans un cadre budgétaire qui est super contraint", a déclaré juste après la fin de la séance le négociateur de la CFDT, Yvan Ricordeau.

"La CFDT ne va pas dire qu’on va changer de planète sur la reconversion alors qu’il n’y aura pas ce qu’on avait imaginé il y a quelques mois", a-t-il ajouté, précisant que le bureau national du premier syndicat se tiendrait vendredi et qu’il défendrait le texte, mais qu’il fallait aussi tenir compte du "contexte", "personne n’étant capable de trop savoir ce qui peut se passer [jeudi] sur les arbitrages sur la question des retraites".

Ce 26 juin, le Premier ministre, François Bayrou, doit en effet tenir une conférence de presse pour tirer les conclusions des dernières discussions avec les partenaires. "L’effet retraites a joué à plein" car il y a eu "une très grande volonté de la partie patronale d’obtenir un accord", a analysé le représentant de la CFE-CGC, Jean-François Foucard, qui a jugé l’accord "signable" tout en ajoutant ne pas savoir quand son organisation se prononcerait.

Un "bon compromis" pour le Medef

La CGT en revanche, si elle ne s’est pas prononcée pour un rejet du texte, a de nouveau sévèrement critiqué la méthode de négociation "très dure" du patronat et la volonté du gouvernement d’aboutir rapidement, alors que "le sujet aurait mérité une négociation plus longue", selon la négociatrice de la centrale de Montreuil, Sandrine Mourey.

De son côté, le négociateur du Medef Hubert Mongon a salué un accord permettant "de mettre la formation au service de l’emploi". S’agissant du projet de transition professionnelle (PTP), qui permet à un salarié de s’absenter pour suivre une formation certifiante dans le but de changer de métier, Hubert Mongon a estimé qu’un "bon compromis" a été trouvé "pour que chacun puisse être rassuré". Les syndicats ont notamment réclamé et obtenu le droit à la réintégration dans l’entreprise d’origine du salarié parti en formation, en cas d’échec de son insertion dans l’entreprise d’accueil.

Le négociateur du Medef a enfin indiqué que le texte serait transmis dans la nuit de mercredi à jeudi au ministère du Travail pour être intégré au projet de loi qui transpose notamment l’accord national interprofessionnel (ANI) sur l’emploi des seniors, déjà adopté sur ses autres articles par la Commission des affaires sociales de l’Assemblée. Celle-ci se réunira à nouveau lundi pour permettre d’intégrer l’accord sur les reconversions.

Source : l'express.fr