C'est un des effets directs de la réforme des retraites, qui fait l'objet d'un conclave hebdomadaire entre partenaires sociaux.
Comme tous les jeudis, les partenaires sociaux se retrouvent, jeudi 17 avril, pour leur conclave sur les retraites au ministère du Travail. Cinq organisations essaient encore d'améliorer la dernière réforme des retraites.
Parmi les effets directs de cette réforme, de plus en plus d'actifs qui préfèrent partir plus tôt que prévu, avant l'âge légal, quitte à avoir une décote. Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse, la Cnav, ils sont passés, en dix ans, de 8 à 15%, cela représente 100 000 personnes par an qui partent avant d'avoir une pension complète.
Irène ne voulait pas, au départ, prendre sa retraite à 60 ans. Elle adore son travail d'infirmière, mais son dos fatigue, ses petits enfants grandissent, alors, doucement l'idée fait son chemin. "Le fait de voir pas mal de gens partir en retraite, explique-t-elle, se dire qu'il y en a qui n’ont pas cette chance-là. Puis en voyant certaines personnes de ma famille qui ont fait des AVC à 60 ou 61 ans, il ne faudrait pas que ça m'arrive !" Alors Irène se renseigne et calcule, sa carrière longue lui permet de partir, mais sa caisse de retraite complémentaire ne s'active qu'à partir de 63 ans.
En attendant, elle n'aura donc qu'une partie de sa pension, un manque à gagner qui s'élève, pour elle, à 700 euros par mois. "À 60 ans et sept mois, je vais partir avec 1 177 euros, précise Irène, donc j'ai eu une petite hésitation. Je me suis dit 'qu'est ce que je fais ?' Et puis après, une fois qu'on se met en tête qu'on va s'arrêter, bah c'est fini, On est déjà un peu parti."
"Le phénomène s'est intensifié avec la réforme des retraites"
Pour Véronique, le calcul a été plus rapidement fait : travailler jusqu'à l'âge légal lui rapportait 50 euros supplémentaires par mois, "donc entre 1 250 et 1 300 euros, détaille-t-elle, je me suis dit 'bon, pour 50 euros, je ne vais pas me crever la santé deux ans de plus." Et malgré la décote, elle ne regrette pas : "Même si financièrement, je veux dire... je ne fais pas de sorties, je ne fais pas grand-chose, c'est une renaissance !"
"Je pars voir ma fille et quand je veux, j'ai du temps pour tout le monde. On vit, un peu."
Cette phrase, "je veux privilégier le temps à l'argent", Farah El Barbar, expert-comptable dans le cabinet Horizon retraites près de La Rochelle, l'entend plusieurs fois par semaine. "Clairement, il y a un vrai phénomène qui s'est intensifié avec la réforme des retraites", assure-t-elle. Avant, seuls ses clients aisés se l'autorisaient, ceux avec de l'argent de côté. "Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, 30 à 40 % de nos clients, ce sont des personnes qui ont des difficultés parfois à boucler leurs fins de mois et qui disent : 'voilà, moi je souhaite partir au plus tôt'."
Mais pour cela, il faut remplir des critères stricts : avoir commencé à travailler très jeune ou encore faire valoir une maladie professionnelle. "C'est très encadré en fait, souligne Farah El Barbar. Donc, si vous n'avez pas l'âge légal, même si vous avez tous vos trimestres, vous ne pouvez pas partir plus tôt, sauf si vous pouvez bénéficier d'un dispositif dérogatoire." Dans tous les cas, la comptable conseille à ses clients de bien vérifier leurs relevés de carrière, les dossiers peuvent comporter des erreurs, dit-elle. Les repérer permet parfois de réussir à partir plus tôt.
Source : francetvinfo.fr